En quelques mots : les forêts pyrénéennes et leurs enjeux

Les Pyrénées, comme tout massif montagnard, sont un monde entier.

Sur la haute chaîne aux reliefs abrupts et accidentés, elles cachent dans leurs replis des secrets bien gardés, dont des lambeaux de forêts subnaturelles parmi les mieux conservées du pays.

Selon l’altitude et l’exposition s’épanouissent successivement hêtraies, hêtraies-sapinières,  sapinières puis boisements lâches de pins à crochets au dessus de 1800 mètres.

Les massifs d’altitude, généralement situés sur de fortes pentes, sont des lieux de vie de prédilection pour la faune sauvage : cervidés, isards, petits mammifères, pics, mais aussi de nombreuses espèces emblématiques des Pyrénées comme l’Ours brun ou le Grand tétras, actuellement en fort déclin, rapaces qui y trouvent des zones de tranquillité pour la nidification.

Avec un peu plus de 8000 hectares recensés, les boisements matures peu ou pas exploités, appelés aussi vieilles forêts, représentent environ 2% des forêts de la haute chaîne centrale.

Lieux de quiétude pour la faune, ils sont de véritables “cœurs de biodiversité” : ils favorisent une diversité biologique extraordinaire, notamment dans les milieux de vie de petite taille appelés dendro microhabitats où vivent des espèces pour la plupart rares et menacées, liées aux stades âgés des boisements.

Ils sont des espaces de nature sauvage, car en évolution naturelle depuis plusieurs décennies ou siècles.

vieille forêt de montagne, photo prise dans le cadre d’un inventaire

 

Un engagement fort dès 1991 
 

Depuis les années 1960, la construction d’un réseau de voirie de plus en plus dense sur ces massifs, avec près de 3 300 km de voirie forestière, a favorisé une fréquentation de plus en plus forte des activités de loisir motorisées dans le massif pyrénéen. D’autre part, des équipements sylvo-pastoraux ont été financés par le Plan de Développement de l’économie de montagne, sans étude d’impact préalable sur le grand-tétras. Enfin, une forte montée en puissance des accès touristiques estivaux sont venus s’ajouter aux projets d’aménagements ou de restructuration des domaines skiables en forêt.

Face à ces constats, dès 1991, Nature Comminges monte un observatoire de la fréquentation motorisée pour étudier l’application de la loi 91-2 du 3 janvier 1991 relative à la circulation des véhicules terrestres dans les espaces naturels et informer les gestionnaires.

L’observatoire consiste alors à remonter à pied ou à observer régulièrement l’état de la signalétique, des dispositifs de réglementation, à des périodes charnières de l’année : avant le début de la saison touristique,  avant le début de la saison de chasse, de cueillette, durant la saison hivernale.

Actions en justice et de prévention menées en collaboration avec des agents de l’ONF permettent de stopper la fréquentation dans certaines zones et de garantir une meilleure quiétude de la faune, au moins momentanément. Le remplacement de barrières ou de dispositifs dégradés reste un travail de longue haleine.



L’Observatoire des Forêts Commingeoises
 

L’arrivée d’un spécialiste motivé, mis à disposition puis salarié de l’association de 2015 à 2020, a permis à l’association de développer ses actions dans le domaine forestier. En 2019, l’Observatoire commingeois a rejoint celui des Hautes Pyrénées pour devenir l’Observatoire des forêts des Pyrénées centrales.

Le but de l’Observatoire est de contribuer à la reconnaissance et la préservation de ces espaces forestiers à forte naturalité, et à la protection de la biodiversité associée.

Porté par Nature En Occitanie, il couvre les Hautes Pyrénées, le sud du Gers, le Comminges et l’Ariège, ainsi qu’à l’échelle régionale, différents dossiers permettant la prise en compte du volet “biologie” dans le cadre d’une gestion dite durable et multifonctionnelle des forêts.

La mission principale de l’Observatoire est la veille écologique, avec l’analyse des plans d’aménagement forestiers lorsqu’ils sont révisés, tous les 20 ans en moyenne. Le but est de croiser ces données et notamment l'”assiette des coupes” (désignation des coupes prévues dans l’aménagement) avec les données naturalistes d’espèces et d’habitats sensibles des forêts pyrénéennes : vieilles forêts, aire de répartition du grand tétras, sites vitaux d’ours brun, espèces floristiques rares, sites de nidification des grands rapaces, etc. La collaboration avec les services de l’Etat appropriés, les communes, l’Office National des Forêts, l’ONCFS, ainsi que la complémentarité de l’approche avec les autres usages de la forêt, sont au cœur des préoccupations de cette mission.
 

Délimitation de vieille forêt par un agent de l’ONF pour prise en compte de la zone avant martelage

Signalement à l’ONF d’une barrière arrachée dans une zone à enjeu écologique fort














La sensibilisation à l’écosystème et aux espèces forestières est un autre pan de l’Observatoire, à destination des adhérents, des élus et du grand public. Enfin, les inventaires et diagnostic naturaliste de vieilles forêts sont un autre pan des actions de l’Observatoire.

Aujourd’hui, plusieurs bénévoles actifs de l’association participent à des actions de l’Observatoire (sorties nature ou avec des spécialistes, études de boisements en exploitation, etc).
 

Sensibilisation en vieille forêt des Master 2 Ecologie de l’Université Paul Sabatier (Toulouse)

Simulation d’inventaire de vieille forêt dans le cadre d’une sortie nature

 

 


 
 

 

 

Inventaire de vieille forêt, barousse

 
La multifonctionnalité
consiste à respecter la diversité biologique des forêts, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, leurs fonctions économiques, écologiques et sociales.

Notre rôle associatif a pour objectif majeur de contribuer à la prise en compte de l’écologie dans la gestion durable et multifonctionnelle de ce milieu naturel.

Prospection et observations naturalistes avec des bénévoles, vieille forêt

 
La force que représente l’implication associative de plusieurs dizaines de bénévoles, permet de faire remonter des observations naturalistes aux gestionnaires, de signaler des coupes rases ayant dépassé le seuil de surface autorisé, de représenter l’Observatoire dans des réunions et commissions, d’animer des sorties, etc.

Nous accompagnons un mouvement de la société civile souhaitant cette prise en compte, notamment par rapport à la mobilisation des ressources forestières et le rôle des forêts dans les dérèglements climatiques.
 
 

Si vous êtes intéressé(e) pour nous rejoindre, n’hésitez pas à vous faire connaître !!